mercredi 9 novembre 2011

LA GRECE EST UNE SCENE DE CRIME





Ces fainéants de Grecs buveurs d’ouzo et cracheurs de noyaux d’olives ou comment Goldman Sachs a mis à sac la Grèce

par Greg Palast

Voici ce qu’on nous dit: L’économie de la Grèce s’est effonfrée parce qu’une bande de cracheurs de noyaux d’olives, de picoleurs d’Ouzo, de faignasses grecs refusent de faire une journée de travail, partent en retraite à l’adolescence, empochent des retraites de pachas et se sont gavés de services sociaux à outrance sur de l’argent emprunté. Maintenant qu’il faut payer la facture et que les Grecs doivent la payer avec plus d’impôts et plus de coupes franches dans leur grasse assistance-sociale d’état, ils font grève, se révoltent, hurlent dans les rues en cassant des vitres et brûlant des banques.

Je ne marche pas là-dedans. Je ne marche pas à cause du document que j’ai dans les mains et qui est estampillé: “Distribution Restreinte”.

Je vais aller droit au but de l’accusation: La Grèce est une scène de crime. Les citoyens grecs sont victimes d’une fraude, d’une escroquerie, une super arnaque; de plus, couvrez les yeux et les oreilles des enfants alors que je dis (écris) ceci, une banque appelée Goldman Sachs tient le flingue encore fumant dans la main.

En 2002, Goldman Sachs a secrètement acheté jusqu’à 2,3 milliards d’Euros de la dette du gouvernement grec, l’a converti dans sa totalité en Yen et en dollars US, puis l’a immédiatement revendu à la Grèce.

Goldman a perdu beaucoup d’argent sur cette vente.

Est-ce que Goldman Sachs est si stupide ?

Goldman est stupide… comme un renard. L’affaire était une arnaque avec Goldman Sachs pratiquant un taux de change  totalement bidon pour la transaction. Pourquoi ?

Goldman Sachs avait fait un accord avec le gouvernement grec d’alors. Leur jeu: masquer un gigantesque déficit budgétaire. La perte bidon de Goldman Sachs était le gain bidon du gouvernement.

Goldman se rembourserait de cette “perte” sur le gouvernement avec des taux usuriers.

Le point essentiel était le suivant: grâce à ce tour de passe-passe de folie, le gouvernement de droite grec adepte du marché libre fut capable de prétendre que ses déficits ne dépassèrent jamais les 3% du PIB.

Cool. Escroquerie, mais cool…

Mais la magouille n’est pas bon marché de nos jours: en plus des paiements d’intérêts faramineux, Goldman factura aux Grecs plus d’un quart de milliard de dollars en frais de services.

Quand le nouveau gouvernement socialiste de Georges Papandréou arriva aux affaires, ils ouvrirent les livres de comptes et la chauve-souris de Goldman Sachs s’envola à tire d’aile. Les investisseurs grimpèrent aux rideaux, demandant des taux d’intérêts monstrueux pour prêter à la Grèce plus d’argent juste pour écraser cette dette.

Les porteurs de bons du trésor grec paniquèrent et se précipitèrent pour acheter une assurance contre la nation qui se rapprochait de la banqueroute. Le prix de l’assurance contre l’explosion des bons du trésor appelé Credit Default Swap (ou CDS) perfora le plafond. Qui fit des profits gargantuesques à vendre ces assurances CDS? Goldman Sachs.

Que dire de ces sacs de détritus de CDS vendus par Goldman Sachs et les autres ? Ne savaient-ils pas que ce n’était que des étrons peints en doré ?

C’est la spécialité de Goldman Sachs. En 2007, en même temps que les banques vendaient ces packages suspects de CDS et de CDO (des packages de titres d’emprunts sub-prime), Goldman prit une position de “net-short” contre ces titres sur les marchés boursiers. Ce qui veut dire en clair, que Goldman Sachs pariait que leurs “produits” financiers finiraient dans la cuvette des chiottes et Goldman empocha un autre demi milliard de dollars sur leur escroquerie de “net-short”.

Mais, au lieu de boucler le PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein et de le faire parader dans une cage à travers les rues d’Athènes, nous avons blâmé les victimes de ces fraudes, le peuple grec. L’avons réprimandé et mouillé jusqu’au cou pour le remboursement des coûts. La “répartition” des bons grecs (le terme utilisé pour le premium de risques payé sur la dette corrompue de la Grèce) s’est maintenant élevée à, tenez-vous bien: 14 000 US$ par famille et par an…


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